Perspectivia
Lettre1877_06
Date1877-08-31
Lieu de création[Paris]
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesDubourg, Victoria
Dubourg, Charlotte
Edwards, Edwin
Edwards, Ruth
Esch, Mlle
Fabre
Poe, Edgar Allan
Baudelaire, Charles
Rembrandt
Lieux mentionnésGand, Salon triennal
Londres
Cologne
Bruxelles
Cassel (Hesse)
Gand
Paris, Salon
Anvers
Œuvres mentionnéesF Portrait de Madame Fantin-Latour

[Paris.]

31 Août 1877

Mon cher Scholderer

J’ai bien tardé à vous répondre, mais vraiment ici les jours ont passé sans aucun incident intéressant à vous raconter.

J’ai beaucoup travaillé, tellement même, que je me suis décidé pour me reposer et changer d’idées, d’aller faire un tour de huit ou dix jours en Belgique, pays calme et facile.

Nous partons je pense demain. Vous vous rappelez, nous avions le projet d’aller au centenaire de Rubens, mais nous avons su, que il y avait un monde énorme, que cela coûtait fort cher et que l’exposition des œuvres de Rubens réunies de partout n’aurait pas lieu.A l’occasion du troisième centenaire de la naissance de Rubens, Anvers présente une grande exposition Rubens ; elle est accompagnée de la publication de deux ouvrages, Exposition de tableaux et d'objets d'art anciens : ouverte, à l'occasion du 3e centenaire de Pierre-Paul Rubens sous le patronage de la Ville d'Anvers dans les Salons d'exposition..., Anvers, 1877 et L’œuvre de P.P. Rubens. Catalogue de l'Exposition organisée sous les auspices de l'Administration communale d'Anvers par l'Académie d'Archéologie de Belgique. Gravures, photographies, dessins, documents, etc., Anvers, 1877. Voir également la lettre de Fantin 1877_02 et la lettre de Scholderer 1877_03. Nous avons donc renoncé à ce moment-là. Aujourd’hui nous allons d’abord à Gand où nous avons exposé tous les deux.Fantin-Latour, Portrait de Madame Fantin-Latour, F.825 du dernier Salon était exposé à la XXXe exposition triennale de Gand. De là nous irons à Bruxelles, et Anvers peut-être si nous allons bien et pas trop fatigués. J’aimerais bien aller voir les Rembrandt, pas en Hollande, mais les 28 de Cassel !La galerie de peintures de Cassel regroupe douze œuvres de Rembrandt, six de son atelier, trois de son entourage et une copie acquises par les landgraves de Hesse-Cassel durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. A l’époque où Scholderer visite la galerie, ces vingt-deux œuvres (et non vingt-huit) étaient données à Rembrandt. Deux paysages font partie de la collection : Paysage fluvial avec moulin (huile sur bois, 67 x 87,5 cm) et Paysage hivernal (huile sur bois, 16,6 x 23,4 cm), Cassel, Gemäldegalerie. Et revenir par Cologne. Mais je ne sais encore. Ma femme emmène avec nous sa sœurCharlotte Dubourg. faire ce voyage. Que nous avons regretté de ne pas vous voir ici cet été. Mais nous espérons toujours vous voir en novembre. J’espère que ma lettre va vous trouver en bonne santé tous les deux. Vos maux d’estomac vont ils mieux ? L’été est très mauvais pour cela, cet été j’ai eu aussi l’estomac pas fort. Et que cette saison est insupportable, que l’on a de peine à agir et à travailler. Avez-vous pu travailler, vos douleurs d’estomac doivent vous donner des idées noires. Que pensez-vous de l’hiver, que va-t-il devenir des affaires, cela est impossible à voir la fin. Je ne parle pas d’ici, car ici c’est un gâchis digne d’une nation qui s’en va ! Mais à Londres. Pour moi, c’est sérieux. Les Edwards ne paraissent pas trop s’occuper de moi, ils sont partis de Londres sans me le dire et ne m’ont rien écrit de là-bas ? Savez-vous quelque chose d’eux, ma femme a reçu une lettre de Mademoiselle Esch qui nous a fait beaucoup de peine, son état paraît bien inquiétant. Nous avons eu de ses nouvelles et des vôtres par Mademoiselle Fabre qui nous a fait bonne impression. Nous lui avons rendu sa visite. Je vous prie de dire à Madame de notre part bien des choses aimables. Et donnez-nous de vos nouvelles le plus tôt que vous pourrez.

Adieu H. Fantin

Je vois dans votre lettre que vous lisez Edgar Poe. Je vous recommande surtout le second volume L’homme des foules et La chute de la maison Usher.L’homme des foules (The man of the Crowd) et La chute de la maison Usher (The Fall of the House of Usher) font partie des Nouvelles histoires extraordinaires. Elles paraissent à New York en 1845 puis à Londres en 1846. Elles sont ensuite traduites par Charles Baudelaire et publiées en France en 1857.