Lettre | 1901_01 |
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Date | 1901-05-21 |
Lieu de création | Paris |
Auteur | Fantin-Latour, Henri |
Destinataire | Scholderer, Otto |
Personnes mentionnées | Spier, Anna Scholderer, Luise Philippine Conradine Scholderer, Viktor Edwards, Ruth Dubourg, Charlotte Dubourg, Victoria |
Lieux mentionnés | Francfort-sur-le-Main Paris, Salon |
Œuvres mentionnées |
Voilà bien longtemps que je veux vous écrire, mais la paresse et si peu d’événements intéressants arrivent que je remets toujours.
Nous avons eu des nouvelles de Francfort par madame Spier qui est très aimable et nous avons beaucoup parlé de vous.
Elle paraît être très au courant de l’art en Allemagne et très intéressée à ce qui se fait en France.
Notre pauvre art français est très bas. Il me semble même que la peinture va disparaître et va faire place à l’art décoratif. Ce n’est que meubles, céramiques, papiers peints, grès, étains etc., etc. …. !
Je n’ai pas le courage d’exposer cette année.Fantin n’exposera plus en France. J’en ai assez de Salons, j’en ai compté 45 !Fantin a exposé au Salon tous les ans de 1859 à 1899.
Il me semble que votre art en Allemagne se préoccupe beaucoup du nôtre (erreur triste) et a, comme nous, la décoration en tête.
Vous êtes maintenant, je pense, bien installé et remis dans vos habitudes francfortoises.
Vous avez dû la trouver bien changée. On la dit si belle, cette vieille ville de Francfort.
Ma femme voudrait bien la revoir. Comment allez-vous, que faites-vous, comment va madame et Victor, vous l’avez eu sans doute avec vous à Pâques ?
Victor continue sans doute ses succès ! Je vous ai dit sans doute que j’ai cessé d’envoyer ma peinture à madame Edwards, ce qui naturellement a refroidi nos relations !Fantin n’enverra plus aucune œuvre en Angleterre. Ma vie n’en est pas plus triste pour cela. Malheureusement je souffre de l’estomac depuis quelque temps et cela rend amer !
Ecrivez-nous bientôt. Ma femme et ma belle-sœur se joignent à moi pour vous envoyer, ainsi qu’à madame, nos meilleures amitiés.