Correspondance Fantin-Latour & Scholderer

Buré par Le Mesle sur Sarthe, Orne.

22 juin 99

Mon cher Scholderer,

La veille de notre départ, madame Spier m’a annoncé sa visite pour le lendemain ; j’ai été obligé de lui exprimer le regret de ne pouvoir la recevoir parce que nous partions.

Nous avons bien regretté de ne pas vous voir à votre retour de Francfort, comme vous nous l’aviez fait espérer car voilà bien longtemps que nous ne nous sommes vus.

Nous espérons que vous allez mieux maintenant et que votre bras ne vous fait plus souffrir, et que madame Scholderer, ainsi que Victor se portent bien.

Nous sommes ici à la campagne pour nous reposer. Nous étions assez fatigués car neuf mois à Paris, c’est bien pénible.

Madame Edwards a dû vous donner des nouvelles du SalonFantin n’envoie que deux tableaux : Ondine, F.1738 et Baigneuses (ancien pastel Promenade du Salon de 1884 transformé en peinture à l’huile), F.1737. et de mon exposition de lithographies au musée du Luxembourg.Le 1er juin 1899 est inaugurée au musée du Luxembourg une exposition rétrospective des lithographies de Fantin. Cette exposition, organisée par Léonce Bénédite, conservateur de ce musée, est la troisième du genre. La première en 1897 présente les eaux-fortes de Bracquemond et la seconde en 1898 montre les burins de Ferdinand Gaillard. L’exposition a un succès important et la critique est élogieuse, voir Catalogue des lithographies originales de Henri Fantin-Latour exposition périodiques d'estampes, troisième exposition (1er juin 1899), cat. exp. Paris, musée national du Luxembourg, 1899.

Nos félicitations à Victor, ne viendra-t-il pas un jour à Paris puisqu’il s’intéresse à notre langue ?Victor viendra à Paris en 1903. Il est probable qu’il ne s’intéresse pas à notre peuple qui est bien le dernier comme civilisation.

Je suis devenu socialiste et des plus enragés !

Donnez-moi bientôt des nouvelles de vos santés. Ma femme et moi, nous vous envoyons à tous trois nos plus affectueux compliments.

H. Fantin