Correspondance Fantin-Latour & Scholderer

Buré par Le Mesle sur Sarthe

Département de l’Orne.

3 août [18]81

Mon cher Scholderer,

Comment allez-vous, et madame, et Victor ? Comment avez-vous pu endurer les chaleurs ?

Nous sommes partis de Paris par une chaleur de 34 degrés. Je ne pouvais plus y tenir. La veille de notre départ, nous avons traversé la place Carrousel en voiture. J’ai cru que j’allais me trouver mal. Et après notre départ, il y a eu 39. Je crois que jamais on a vu pareille chose à Paris. Ici nous avons eu chaud, mais il y a une fraîcheur le soir et la nuit répare, on peut dormir.

Nous sommes bien installés. Nous avons déjà travaillé. Je vais cueillir mes roses le matin.

Nous avons un piano et ma femme et ma belle-sœur tapotent avec beaucoup de peine le finale de la neuvième symphonie. La campagne en est tout étonnée d’entendre Beethoven et Schiller !Johann Christoph Friedrich von Schiller (1759-1805), poète et écrivain allemand. Fantin évoque les paroles de l’Hymne à la joie dans le quatrième mouvement de la neuvième symphonie de Beethoven dont Schiller est l’auteur.

Écrivez-moi ici un mot pour nous dire ce que vous faites, comment vous avez supporté ces chaleurs. Êtes-vous au bord de la mer ? Vous n’avez dû guère travailler, car je ne sais rien de plus terrible que la chaleur, on n’a plus de goût à rien, espérons que pour cette fin d’année c’est fini.

Dites bien des choses de notre part à madame et embrassez pour nous Victor.

Tout à vous,

H. Fantin