Lettre | 1875_08 |
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Date | 1875 |
Lieu de création | 8 Clarendon Road Putney |
Auteur | Scholderer, Otto |
Destinataire | Fantin-Latour, Henri |
Personnes mentionnées | Edwards, Edwin Edwards, Ruth Deschamps, Charles W. Fantin-Latour, Jean-Théodore Morrison, Madame Esch, Mlle Dubourg, Victoria Scholderer, Luise Philippine Conradine |
Lieux mentionnés | Londres, Royal Academy of Arts Paris Paris, Salon |
Œuvres mentionnées | F Portrait de Mr et Mrs Edwin Edwards F Fleurs (Azalées blanches et violettes de Parme) S Bildnis der Luise Scholderer (portrait de Louise Scholderer) S Porträt der Madame Morrison (portrait de Madame Morrison) |
Vous avez remarqué depuis notre correspondance, qui se date déjà depuis bien longtemps, que souvent je n’ai pas répondu à vos lettres qui m’ont fait le plus d’impressions, ainsi je ne m’excuse pas de vous avoir laissé attendre si longtemps sans répondre à votre dernière qui m’a vivement touché. J’ai bien éprouvé tout ce que vous écrivez et je l’ai compris. Je ne veux rien écrire ce qui pourrait être une réponse, j’espère plutôt de vous en parler, car je ne me sens pas capable d’écrire. Vous devez être tranquille maintenant et calme, ayant fait tout ce qui était possible de faire pour votre pauvre père,Jean-Théodore Fantin-Latour, père de Fantin, est décédé le 20 avril 1875 (sa femme était elle-même décédée depuis 1867). et cela doit vous faire beaucoup de bien maintenant de sentir d’avoir rempli complètement votre devoir.
J’ai appris avec le plus vif plaisir votre succès au Salon, mais cela me semble plutôt drôle, on se demande pourquoi maintenant, puisque vous avez été toujours le même, mais ces choses sont inexplicables. Je ne suis pas étonné de votre succès cependant, et je crois qu’il augmentera bien encore, et je crois même plus que nous pouvons penser en ce moment.
Je suis bien bien curieux de voir le portr. d’Edwards,Fantin-Latour, Portrait de Mr et Mrs Edwin Edwards, F.738. nous le verrons en automne. Je ne vous ai pas dit encore comment vos dernières natures mortes sont terriblement bien, vos dernières pensées sont la meilleure chose que je puisse m’imaginer, les avant-dernières m’ont paru déjà si bien que je ne croyais pas que vous puissiez être capable de faire mieux, mais voilà qu’elles sont encore plus fort. Ce que j’y admire tant, c’est que vous êtes arrivé à faire la plus grande vigueur sans être noir, ce qui est justement très difficile dans ce sujet ; c’est merveilleux de rapport dans les couleurs foncées, la corbeille est tout à fait splendide, je vous dis que c’est complètement impossible de faire mieux, et j’ai dit même que s’il venait un grand nombre de peintres nouveaux à faire ces choses, tous ensemble ne seraient pas capables avec tout leur talent ou génie d’épuiser l’objet comme vous l’avez fait, et ce que je dis là ne doit pas vous sembler drôle.
Les violets avec les Azalias sont terribles aussi.Fantin-Latour, Fleurs (Azalées blanches et violettes de Parme), F.743. Savez-vous que cette peinture m’a fait rire, tellement c’est bien, vous allez rire de moi, mais je ne puis employer que le mot terrible, car vous n’y laissez rien aux autres.
Les fleurs blanches dans le vase bleu sont charmantes de finesse aussi et la choix des fleurs pour le vase est bien belle.
Je ne veux pas vous écrire long aujourd’hui. Seulement je me reproche de vous laisser si longtemps sans écrire. Vous avez appris que je commence à avoir du succès ici – par les portraits, et je n’en suis pas fâché car je sentais toujours, comme vous le savez, qu’un jour j’y reviendrais, c’est mon affaire. Le portrait de ma femme a plu à l’Académie,Scholderer, Porträt der Luise Scholderer, B.124. une bonne critique dans la Times, j’en étais content puisque je tiens à l’idée de ce tableau, quoique l’exécution laisse à désirer bien des choses encore. Mon portrait chez Deschamps a plu aussi comme quelques autres choses j’ai fait dernièrement.
Vous savez sans doute que j’ai à faire le portrait de Madame Morrison,En se fondant sur cette seule lettre, Jutta Bagdahn a inscrit dans son catalogue Porträt der Madame Morrison, B.140, non mentionné par Herbst, pourtant rien n’atteste que Scholderer l’ait réalisé. l’amie de Edwards. Ils sont très complaisants pour moi et je leur ai fait tort, en cela que j’ai dit que je ne sentais pas votre influence depuis qu’ils sont revenus de Paris, mais je l’ai senti depuis, cela s’est développé et nous sommes tout à fait bien ensemble. Madame E. est d’une complaisance, extrême même un peu gênant, comme vous le savez. Mais j’en suis content, j’aime à être bien avec tout le monde, j’ai cette faiblesse.
Maintenant, j’ai enfin l’espoir de vous voir cette année, je ne sais pas encore quand. Ma femme désire tant de faire votre connaissance et je trouve qu’il est bien temps aussi, il y a 4 ans maintenant que nous sommes mariés !
Écrivez-moi ce que vous faites, vous avez vu Edwards depuis, mais il raconte si peu. Je suis très curieux de savoir ce que vous allez peindre et vos projets.
Nous voyons souvent Mlle Esch, par elle nous apprenons quelques nouvelles de Mlle Dubourg et de vous. Comme je suis fatigué d’écrire, ah qu’il sera beau de nous revoir à Paris et de causer de tout ce qu’on ne peut pas écrire !
Je vous dis Adieu mon cher Fantin, ne me laissez pas attendre votre lettre. Ma femme me dit de bien vous saluer de sa part, dites aussi bien des choses à Mlle Dubourg de nous deux.