Perspectivia

Mon tres cher Frere

[… ]| [… ]J’ai lu dans les Gazetes L’offre qu’on vous a fait du Royaume de Corsse[.] J’en ai senti une joye execive. Puisque les Barbares meme rendent justice a votre Merite[.] | Je souhaiterois que toute L’Jtalie prit une pareille resolution. Nous y verions renaitre le Siecle des Cesars. Je dois [J’a ]m’accuser d’avoir Com[m]is une grande Faute envers vous[,] mon cher Frere[,] cette [je ]faute a attiré sur [étée ne pa ]moi le couroux Celleste[.] La Maladie que je viens d’essuyer en est une Punition. Etant a Naples je me rendis un jour a une Montagne ou Jl [je][? ]y avoit quantité de vieille Ruines. Je vis a quelques distance de moi les debris d’un Tombeau. J’en approche? mais quelle est ma surprise. Une voix sort du Fond de cette Piramide qui m’apelle par mon nom. Aproche[,] me dit elle. Je suis Virgile[,] | j’etois né pour Chanter les Heros. Les Dieux pour Recompensser mon Zêlle m’ont Transformé en Laurier pour Courroner le plus grand des mortels ne pouvent plus le Chanter. C’est a toi que cett honneur est reservé. La voix se tut[,] je ceuillis au plus vite quelques Branches de cett Arbre merveilleux. A peine en eu je formé une Couronne qu[’]il [mourut ]dessecha[t]. Une Jnscription Lumineuse parut sur la Piramide, Elle etoit en vers, en voici le sens. Mon [Je meurs ]ombre quite pour j’amais ce sejour puisqu’aucun mortel ne sera plus Digne de mes Lauriers[.] | mes domestiques ont embalé la Boëte ou etoit ces precieuses Relique avec plusieurs autres choses que je ne fais que recevoir. Virgile irité de mon inexactitude m’est aparu, en me menacant de la Colere des Dieux si je n’obeïssois promtement a ses comendements. Je vous envoye[,] mon cher Frere[,] cette Courrone merveilleuse qui vous est doublement Due Come Disciple d’Apolon et de Mars. Etant avec toute la Tendresse et le Respect Jmaginable[,]

Mon tres cher Frere[,]
Votre tres humble et tres obeïssante Soeur et Servante
Wilhelmine

[s. l. ]Le 12 de Fev[rier]: 1756