Correspondence Fantin-Latour & Scholderer

Paris, 8 rue des Beaux-Arts

11 janvier 98

Mon cher Scholderer,

Je vous remercie bien de la bonne lettre que vous m’avez écrite en sortant de l’exposition Millais, cela m’a fait grand plaisir de vous voir toujours admirateur de son talent.

Vous pensez combien je regrette de ne pouvoir aller voir son œuvre et ses derniers tableaux dont vous me parlez. Je crois les voir cependant d’après votre description et les souvenirs de tant de ces tableaux que j’ai vus autrefois.

Votre souvenir de Millais aimant le portrait de Bertin, m’a fait penser à vous envoyer quelques photographies d’après dessins et peintures. Le portrait de Madame de SenonnesJean Dominique Ingres, Portrait de Madame de Senonnes, 1814, huile sur toile, 106 x 64 cm, Nantes, musée des Beaux-Arts. du musée de Nantes est très rare. C’est un produit de ma femme d’après un exemplaire unique, et c’est, d’après mes souvenirs, une des plus jolies choses de son exposition de 1867.Catalogue des tableaux, études peintes, dessins et croquis de J.-A.-D. Ingres, exposés dans les galeries du Palais de l'École impériale des Beaux-Arts, Paris, 1867.

Les dates de tous ces portraits sont bien curieuses, quand on pense à la peinture que l’on faisait à ce temps-là !

Nous avons su par madame Edwards que vous avez manqué d’être blessé en tombant, ainsi que Victor qui, je pense, lui aussi est remis. Voulez-vous dire à Victor de ma part qu’il a bien raison de s’intéresser à la Grèce ! Car tout y est beau ! Quand nous reverrons-nous ici ?

Voilà bien longtemps que vous n’êtes venu. Ma femme et sa sœur me chargent de tous leurs compliments, ainsi que moi pour vous trois. H. Fantin