Il y a bien longtemps que je veux vous écrire et toujours j’en ai été empêché par une chose ou l’autre. Il y a eu le Salon, le comité, un envoi à madame Edwards que je viens de faire.
J’ai été bien fâché de ce que vous n’avez rien trouvé à envoyer au Salon ici.
Moi j’ai fait beaucoup de choses. D’abord le portrait de Melle EvaFantin-Latour, Portrait d’Eva Callimaki Catargi, F.1016. Eva Callimaki-Catargi avait déjà posé pour La leçon de dessin, F.920. (que vous avez sans doute vu, car elle devait aller vous voir), ensuite j’ai fait une étude d’après Melle Charlotte brodant au métier.Fantin-Latour, La brodeuse, F.1015. La figure dans l’ombre réfléchie par le canevas blanc, sur un fond clair et grand comme nature mi-corps. Puis deux pastels, une tentation de St AntoineFantin-Latour, La tentation de Saint Antoine, pastel, exposé au Salon de 1881 sous le n° 2749 puis transformé en peinture à l’huile (F.1195) en 1885 et exposé comme tel au Salon des XX de Bruxelles. que je crois bien et une apparitionFantin-Latour, Une mélodie de Schumann, F.1017. que vous avez eue en lithographie, et puis j’ai envoyé les lithographies que vous avez, les quatre dernières.Seules trois lithographies sont mentionnées dans le catalogue du Salon : Une mélodie de Schumann, H.32 ; Manfred et Astarté (2e planche), H.34 ; Frontispice : le Génie de la Musique, H.35, exécuté en 1881, pour servir de frontispice au petit cahier.
J’ai eu bien plaisir à savoir que le FrontispiceFantin-Latour, Frontispice : le Génie de la Musique, H.35. vous ait plu. Je l’aime aussi. Je suis de votre avis sur le portrait de Melle Riesener,Fantin-Latour, Portrait de Louise Riesener, F.986. il ne me plaît guère. Je ne l’ai envoyé qu’à cause de son succès dans le public ici. Si j’étais accroché à l’Academy,Le Portrait de Louise Riesener, F.986 rencontre beaucoup de succès à Londres (Royal Academy) puis ensuite à Manchester. cela me ferait grand plaisir. J’aimerais bien voir votre exposition de l’Academy.Scholderer expose Peasant Girl / Bauernmädchen – Landmädchen, B.194 et Homeward – Heimwärts – Heimkehr von der Ernte, B.202 à l’Academy en 1881. Peut-être irons-nous à Londres. Alors nous verrons tout ce que vous faites. Mais ? Car il y a un mais toujours pour moi quand il s’agit de voyager. Nous vous félicitons d’avoir trouvé tout près de vous une maison, cela vous facilitera le déménagement et sera très bon pour [votre] fils d’être si près de la campagne.
Nous avons été contents de le savoir en bonne santé. Comment allez-vous tous les deux, vous ne nous en dites rien, ici nous n’allons pas trop bien. Moi j’ai besoin de repos et d’exercice ainsi que ma femme.
Je ne vois guère Cazin depuis son succès. Il a fait partie du jury, moi je n’ai pas été nommé.
J’avais pris au comité une position tellement opposante que l’on [n’]a plus voulu de moi. Je m’en suis félicité. J’aurais bien voulu voir l’exposition Millais.Exposition Millais à la Fine Art Society, 148 New Bond Street, Londres, en 1881. Voir Notes by Mr. A. Lang on a Collection of Pictures by Mr. J. E. Millais, R.A. Exhibited at the Fine Art Society's Rooms, 148, New Bond Street, 1881, cat. exp. Londres, Fine Art Society, 1881. Il y a là sans doute des tableaux que j’ai vus autrefois et qui m’avaient tant impressionné. Je serais bien curieux de les revoir. J’ai vu WhistlerWhistler est à Paris pour voir la VIe exposition impressionniste. ici la semaine passée, il a été très gai, très aimable, mais ne m’a pas montré les eaux-fortes que tout le monde a vues ici. Il m’a demandé de vos nouvelles.
Tous nos compliments à tous les deux. A bientôt. H. Fantin.
Je me sers pour faire sécher de Medium Robertson.Il s’agit d’un mélange de vernis au cobalt, d’huile d’œillette et de cire blanche qui permet de faire sécher les toiles. Est-ce bon, qu’en dit-on à Londres ?