Lettre | 1871_08 |
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Date | 1871 |
Lieu de création | 1. Auckland Road New Wandsworth London S.W. |
Auteur | Scholderer, Otto |
Destinataire | Fantin-Latour, Henri |
Personnes mentionnées | Ritter, Francine Ritter, Monsieur Edwards, Edwin Edwards, Ruth Artz, Constant Manet, Edouard Degas, Edgar Balleroy, Albert de Courbet, Gustave Whistler, James Abbott MacNeill Dubourg, Victoria Scholderer, Luise Philippine Conradine McLean, Thomas Fantin-Latour, Jean-Théodore Wallis, Mr. |
Lieux mentionnés | Londres Paris Paris, Musée du Louvre Londres, Dudley Gallery London, French Gallery |
Œuvres mentionnées | S The Love Story |
Merci de vos bonnes lettres. Je ne vous écris qu’un mot aujourd’hui puisque je suis très occupé avec un tableau pour la Dudley Gallery,En 1871, Scholderer présente et vend la grande version de The Love Story, B.10 à la Fifth Exhibition of Cabinet Pictures in Oil, Dudley Gallery, Egyptian Hall, Piccadilly. j’écrirai un de ces jours à Mme Ritter ou j’irai moi-même. Il m’a fait plaisir d’apprendre que Ritter est bien à Londres, comme je lui souhaiterais un temps de repos et des succès, il a bien mené une vie dure et plein de fatigue et d’efforts sans arriver à quelque chose. Enfin, voilà bien de gens réunis à Londres qui ont dû quitter Paris. Votre lettre m’a donné l’espoir de vous voir un jour ici et je m’en réjouis d’avance. Je serais alors tout à fait content, seulement il ne faudrait pas que nous restions si loin l’un de l’autre. Edwards a pris une nouvelle demeure très belle, je voudrais vivre plus près de lui, c’est très joli autour du St. James Palace, vous vous rappellerez sans doute ! Je crois qu’on y trouvera aussi des demeures moins chères que celle d’Edwards qu’il paie 160 £, c’est très cher, mais je n’ai que 28 £ pour notre maison qui est très jolie et vous plaira, j’en suis sûr.
Vous feriez bien de venir à Londres, il faut profiter du succès qu’on a et c’est égal où l’on le trouve. Je commence à me réconcilier avec Londres et quand on gagne un peu d’argent, je crois qu’on y vit mieux que partout. J’ai un peu horreur de Paris. Tout ce qu’on apprend des Français est si triste, on a de la peine à les défendre et je les aime pourtant tant ! Il m’a fait grand plaisir que vous travaillez si bien, je ne tarderai pas à voir vos tableaux chez Edwards. Je l’ai vu un moment depuis qu’il a été à Paris, il a très peu raconté de vous et il me semble qu’ils croient avoir le privilège sur vous, et ne peuvent pas croire que je prends le même ou même peut-être plus grand intérêt à vous, et pourtant notre amitié s’est fait très vite et date depuis bien longtemps. Il est vrai qu’ils peuvent faire plus pour vous que moi, et pour cela je ne veux rien dire, lui et sa femme sont excellents. Après son retour de Paris. Edw. est allé immédiatement à la campagne et votre lettre m’a donné les premières nouvelles de vous. Je vous remercie de ce que vous avez été dans ma demeure, je ne sais pas ce que je dois faire avec mon propriétaire, c’est dommage qu’Artz ne soit pas à Paris, cependant la somme de mon loyer devient toujours plus grand. Il faut que j’écrive un de ces jours au propriétaire. N’avez-vous pas vu M. de Balleroix ?Albert de Balleroy (1828-1872), peintre et aquafortiste qui expose régulièrement de 1853 à 1870 au Salon de Paris des tableaux de chasse à courre et de meutes grandeur nature. De 1856 à 1859, il partage avec Manet un atelier rue Lavoisier et offre ensuite probablement l’hospitalité à Fantin dans un autre atelier en 1865 (Fonds Custodia, collection Frits Lugt, 1997-A.666/668 et 669). Il meurt de diphtérie comme trois de ses quatre enfants. Il figure dans l’Hommage à Delacroix (juste derrière Baudelaire) de Fantin-Latour et dans la Musique aux Tuileries de Manet. Je suis bien curieux de voir les tabl. de Manet, aussi celui de de Gas.
Je vous ai envoyé le journal avec les tableaux d’Ingres ; c’est de se moquer de Gérome de lui attribuer ce magnifique tableau, je trouve que c’est bien Londres où on profite de tout pour le commerce ! Cela m’a fait rire, mais il me semble que vous avez pris cela plus au sérieux.
Le pauvre Courbet a été bien ridicule devant ses juges !Lors du procès de Courbet le 14 août 1871, la défense s’efforce de montrer que la naïveté mégalomaniaque de l’artiste l’innocente. Je n’ai pas vu Whistler, je n’ai jamais le temps et je le croyais encore à la campagne. Mademoiselle Dubourg se souviendra aussi de cette époque dans sa vie, mais je trouve quand on n’a pas trop perdu le souvenir d’un pareil temps est toujours intéressant. N’oubliez pas de la saluer de ma part, est-ce qu’elle peut travailler au Louvre ? Ou est-ce que tout le Louvre est fermé encore ? N’avez-vous rien pour la Dudley Gallery ? Je finis ma femme lisante pour cela, le second tableau plus grand que le premier ;Scholderer, The Love Story, B.107. je crois que c’est assez bien, j’ai vendu l’autre à Wallis (French Gallery)Mr Wallis, marchand de tableaux londoniens, il est le gérant de la French Gallery, 120/121 Pall Mall street, puis en 1868 1A King street St James, ouverte en 1849 par Ernest Gambart. à un prix très bas, mais j’en suis content d’autant plus que je n’y ai pas fait trop de concessions pour le public. M. Lean voulait l’acheter aussi mais avec quelques changements et j’ai préféré de ne pas les faire. Je travaille beaucoup, je fais aussi des dessins sur bois pour un éditeur de journaux,Scholderer réalise des dessins pour Little Folks, journal pour enfants auquel il collabore à partir de la fin de l’année 1871. c’est difficile les Anglais sont trop savants en cela, on voit partout d’excellentes gravures. Maintenant je vous dis adieu. Si vous écrivez à Mme. Ritter ne lui dites pas mon adresse, je ne veux pas qu’elle vienne avant que je n’y ai été chez elle, et vous savez comme elle est indiscrète. Excusez ma mauvaise lettre un de ces jours j’écrirai plus.
<ma femme me charge de bien vous saluer de sa part, elle est mieux mais toujours pas forte. Bien des choses à Monsieur votre père, aussi à Manet et de Gas [sic]>