Vous scavez[,] mon cher Frere[,] que mon coeur n’a jamais de part a mon silence ainssi je ne vous faits point d’excuse
d’avoir tardé si long tems a vous repondre. J[’]espere que cette lettre vous trouvera plus gai que vous ne l’etiez en m’ecrivant.
Soyez perssuadé que perssone ne s’interesse plus tendrement a ce qui v[ou]s regarde que moi qui vous suis attachée de Coeur et d’ame[.] Nous som[m]es sur le point de faire un voyage que v[ou]s n[ou]s envìrai. Nous partons apres demain pour Marseille[,] Toulon[,] Antibe, et Nice ou nous embarquerons pour genes. Je suis charmée de quiter Avignon qui est le plus detestable endroit du monde[,] tant pour l’air que pour la Situation; je n’y regrete qu’une petite societé que je
m’y etois faite. On nous fait L[’]honneur de nous assurer qu’on nous regrete beaucoup.
Dumoins dois je beaucoup de reconnoissance a tout le monde car on avoit autant d’attentions
pour moi ici que si j’eusse etee la Souveraine. La gêhene etoit trop grande pour moi[,] je n’avois pas un Jnstant pour respirer. Toujours [F ]sur pied pour recevoir du monde et obligée de jouer. Jl n[’]y a que paris en france. On trouve d’aimables Gens ici[,] mais il y a toujours du Campagnard dans les Facons[,] on peut distinguer sur le | champ ceux qui ont passé leur vie a paris. L’esprit et la politesse en est tout differente.
Le païs est abominable. On ne voit que des Oliviers et des Meurier qui sont triste
et desagreable. Point de Bois[,] peu de prairies, et des Champs couverts de pierres. Le Rhone et La Durance tienent
en prison les Avignonois. Nous n’avons pu voir ny S[ain]t Rimini, ni Arle[,] ne pouvent passer ses deux Rivieres[,] qui causent souvent le manque de Vivres. Le païs est pauvre come toute la France.
Je suis revenue de bien des prejugez depuis mon voyage. Notre chere Patrie a beaucoup
augmenté de prix dans mon esprit. Adieu[,] cher Frere[,] adressé vos Lettres a Bareit[,] je v[ou]s ecrirai le plus souvant que je pourai vos Lettres ne sont point ouverte[.] je suis toute a vous[.]