Briefwechsel Fantin-Latour & Scholderer

[Paris]

28 décembre 83

Mon cher Scholderer,

Votre lettre m’a fait grand plaisir. Je ne savais que penser de votre silence. Nous avons su par madame Edwards votre voyage en Allemagne et les soucis que la santé de Victor vous avait causés. Nous espérons que le séjour au bord de la mer va le remettre tout à fait. Il me semble aussi que la mer vous fera du bien.

Vous me semblez dans une bien triste disposition. Vous voyez tout en noir. Ce n’est pas que je ne comprenne pas cet état, moi je suis même toujours comme cela et pourtant je n’ai aucun sujet d’être disposé à voir noir. Je crois que parmi les remèdes, il y a le travail malgré tout !

C’est facile les conseils, aussi je m’arrête là …

Ce qui me plaît dans votre lettre, c’est votre intention de vous montrer ici au SalonScholderer enverra The Last Chapter / Letztes Kapitel, B.225 qui sera exposé au Salon de 1884. ainsi qu’en Allemagne. Je vous engagerai aussi à envoyer en Belgique. On envoie le tableau du Salon de Paris à Bruxelles, aussitôt la fermeture.

Tout ce que vous me dites de Manchester et des mauvaises affaires artistiques ne m’étonne pas, ici c’est pire ! Il est inouï comment certains peintres peuvent vivre et il y en a tant !

Nous avons organisé l’exposition de Manet qui ouvre pour un mois le 5 janvier.Le 5 janvier 1884, une rétrospective de l’œuvre de Manet est organisée à l’École des beaux-arts. Cent seize peintures, trente et un pastels, vingt cadres d’aquarelles et dessins et douze estampes sont présentés. Voir Exposition des œuvres de Édouard Manet, préf. d’Émile Zola, cat. exp., Paris, École nationale des beaux-arts, 1884. Une vente à l’hôtel Drouot a lieu les 4 et 5 février 1884. C’est bien dommage que vous ne puissiez la voir, cela sera des plus intéressants. Vous rappelez-vous Fioupou,Christophe Joseph Gabriel Fioupou (1814-1883), grand collectionneur d’estampes et de livres anciens. Il est lié avec Bazille, Manet, Cézanne, Renoir, Degas, il est également un très bon ami de Maître et de Fantin. Il lègue à Jacques-Émile Blanche Wolfram au Venusberg de Fantin. Sa fin de vie est évoquée dans une lettre de Fantin à Maître écrite le 25 septembre 1881, voir Fonds Custodia, collection Frits Lugt, 1997-A.404. il vient de mourir à Toulon. J’ai été bien content de tous vos éloges. Je suis bien heureux en Angleterre,Fantin a été reçu membre de l’Institute of Painters in Oil Colours Londres le 8 février 1883. Il y voit la consécration de son succès en Angleterre. Il envoie désormais chaque année des tableaux à l’exposition de cet institut à Piccadilly. que diable ont-ils pour moi les Anglais.

Je suis bien curieux de savoir votre opinion sur mon portrait à PiccadillyFantin, Autoportrait, F.1101. et sur le portrait de ma femmeFantin-Latour, Portrait, F.1099. chez Mme Edwards.

Ma femme se joint à moi pour vous faire, ainsi qu’à madame, nos meilleurs souhaits de nouvelle année et nous embrassons tous les deux Victor. Écrivez plus souvent. Tout à vous

H. Fantin

Je suis chargé des souhaits de bonne année de la famille Dubourg