Perspectivia
Lettre1879_14
Date1879-06-30
Lieu de création[Paris]
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesScholderer, Luise Philippine Conradine
Edwards, Edwin
Fantin-Latour, Jean-Théodore
Fantin-Latour, Nathalie
Manet, Edouard
Cazin, Jean-Charles
Riesener, Léon
Boudin, Eugène
Bonvin, Francois
Armitage, Edwards
Edwards, Ruth
Esch, Mlle
Fabre
Whistler, James Abbott MacNeill
Legros, Alphonse
Bracquemond, Felix
Dubourg, Victoria
Lieux mentionnésLondres, Royal Academy of Arts
Londres
Paris
Paris, Salon
Œuvres mentionnéesF Portraits ou la leçon de dessin dans l'atelier

[Paris]

Lundi 30 juin 1879

Mon cher Scholderer,

Je suis bien en retard avec vous. Après que j’ai travaillé nous sortons un moment, on dîne, le soir après dîner je suis trop fatigué pour écrire, je dis demain et les mois viennent sans écrire. Moi cela ne va pas trop. Les premiers mois de l’été, j’ai de la peine à m’habituer à la chaleur, quoique nous ayons toujours de la pluie, quelle année ! Et vous comment allez-vous ? Et Madame ? Faites-vous des préparatifs de voyage, nous pensons à la fin de juillet aller dans le vert n’importe où, tout près de Paris. C’est si difficile de trouver quelque chose comme je le voudrais, cela serait un endroit tout préparé et sans dérangement y aller, et où on pourrait travailler. Nous avons renoncé à aller à Londres voir Edwards dans cet état. J’ai assez d’avoir eu mon père et ma sœur.Le père de Fantin est décédé en 1875 après avoir perdu progressivement ses facultés mentales et sa sœur Nathalie a été internée à Charenton en 1859. Elle y mourra en 1903. Je ne suis pas disposé du tout à voir des choses pareilles. Je vous remercie bien de vos offres de séjour chez vous. Tout cela est pour plus tard.

Que faites-vous en ce moment ? Moi je fais des fleurs, il faut profiter du moment, et cette année, je les trouve encore plus belles que jamais. Votre dernière lettre que je relis (celle du 25 mai suis-je en retard) n’est pas très gaie, vous n’êtes pas satisfait de l’AcadémieScholderer expose Portrait of Mrs S et Portrait of a Lady. me dites-vous. Je pense que le succès que les peintres vrais peuvent avoir, c’est peu de chose. Je ne vois pas grand résultat comme positif au succès pour moi de Londres et de Paris. N’est-ce pas toujours une certaine peinture qui rapporte quelque chose ; je ne vous ai rien dit du Salon, c’est que vraiment cela n’est guère intéressant, Manet avait deux bons tableaux.Manet expose Dans la serre, RW.289, 1879, huile sur toile, 115 x 150 cm, Berlin, Stiftung Preussischer Kulturbesitz, Nationalgalerie et Argenteuil désigné sous le titre En bateau, RW.221, 1874, huile sur toile, 145 x 113 cm, Tournai, musée des Beaux-Arts. Cazin a été très remarqué cette année, c’était très bien.Cazin expose au Salon Le départ (cire et pastel), n° 3312 et L’Art, peinture, un panneau faisant partie de la décoration d’un plafond, n° 557. Un joli Boudin.Eugène Boudin (1824-1898), peintre français de paysages et de marines. En 1879, il expose au Salon La plage, n° 367. Un Bonvin,François Bonvin (1817-1887), peintre français de genre et de natures mortes. En 1859 il ouvre son atelier à ses amis peintres refusés au Salon. Il organise ainsi dans son « atelier flamand » une « petite Exposition des Refusés » des œuvres de Manet, Fantin, Whistler, Bracquemond, Legros et Ribot. Fantin, qui a fait sa connaissance dès 1853, lui demandera d’être son parrain pour la remise de sa Légion d’honneur en 1879. Au Salon de 1879, il expose Pendant les vacances, n° 349 qui représente des bonnes sœurs faisant des confitures. quelques étrangers. J’ai vu un tableau de ArmitageEdwards Armitage (1817-1896), peintre britannique. Il étudie la peinture dans l’atelier de Delaroche en 1835. Il expose jusqu’en 1891 à la Royal Academy. Au Salon de 1879 Edwards Armitage expose Après une vente entomologique - Félicitations et regrets, n° 71. qui était bien sérieusement fait et vrai. Si vous saviez comme il a été mal placé, ce n’est qu’à la fin du Salon qu’on l’a mis sur le bas. Je vous envoie plusieurs dessins de Riesener qui vous intéressent, je suis sûr. Je voulais vous envoyer de la peinture, mais je ne savais que choisir, vous verrez cela un jour ici et je vous en donnerai. J’ai mis la notice de la vente pour avoir des détails, un journal où il y a un dessin que j’ai fait d’après un de ses tableaux.La notice de la vente est Catalogue de la vente qui aura lieu par suite du décès de M. Riesener [...], les Jeudi 10 et Vendredi 11 Avril 1879 [...], [par le ministère du] commissaire-priseur Me Charles Pillet [...], [assisté de l’]expert M. Georges Petit [...], Paris, 1879. Le dessin qu’évoque Fantin est Riesener (D’après. Bacchante), crayon noir sur papier vergé blanc, 30 x 34 cm). Il est reproduit dans Les Beaux-Arts illustrés, 1879, n° 10, 3e année.

Une lithographie de moi que je ne sais si vous avez et une photographie d’après mon tableau du Salon,Fantin-Latour, Portraits ou la leçon de dessin dans l’atelier, F.920. pas trop bien, il y en a une pour Madame Edwards que je vous prie de lui donner quand vous y allez. Mademoiselle Esch me charge de vous dire bien des choses de sa part à vous deux, et à madame de lui écrire. Dites bien des choses de notre part à Mademoiselle Fabre si vous la voyez. Pour vous, mon cher Scholderer, pour madame, bien des amitiés de nous deux.

H.F.